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Santé et Droits Humains
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1 juillet 2007

Avortement

Le Vatican apelle à ne plus financer Amnesty International accusée de promouvoir l'avortement

Suite aux propos du cardinal Renato Martino

Voici le courrier que j'ai adressé à Mr Defois évèque de Lille:

Mgr Defois,

 

j'ai lu plusieurs articles dont celui de La-Croix.com sur la position su Vatican.

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2305860&rubId=4078

 

Je ne comprends pas cette réaction.

Je comprends tout à fait une position qui défende le droit à la vie et soit contre l'avortement et l'Église a à tenir cette position dans une Éthique de vie.

 

Par contre je ne peux pas admettre que le Vatican et Mr Renato Martino en appelle à ne plus soutenir Amnesty International.
Cette attitude est inadmissible de la part de l'Église.

 

Je suis membre d'un groupe Amnesty International d'Armentières,
j'écris ce jour en mon nom propre,
tous les jours je passe du temps:

pour défendre des prisonniers d'opinion,
pour un meilleur contrôle des Armes,
contre la violence faites aux femmes,
pour un droit à la santé,
contre la peine de mort,
...

Le mandat d'Amnesty au grand dam de ses membres s'élargit de plus en plus, tant il y a tant de choses à faire...

Mettre tout cela à l'index sur le seul thème de l'avortement c'est priver toutes les personnes pour qui je me bats du soutien qui leur est nécessaire.
Et c'est à mon sens, non réfléchi de la part de ceux qui ont décidé de dire aux personnes pratiquantes et catholiques de ne plus soutenir Amnesty International.
Peut être depuis des personnes n'auront plus les soutiens nécessaires à leurs engagements et souffrances suite à cette postion du vatican.
L'Eglise prends une grande responsabilité et elle s'éloigne à mon sens de la souffrance humaine et du quotidien de personnes qui n'ont pas droits à la parole etc.

Amnesty n'est pas Pro-Avortement, Amnesty souhaite pourvoir agir sur des situations telles que:

Une femme violée délibérément par un personnage qui souhaite par son acte atteindre directement son identité et détruire cette identité.
Une femme qui risque dans son propre pays de se faire rejeter par les siens et proches, et en plus d'être condamné au niveau de la Loi.
L'indécence serait alors de ne pas pouvoir agir.
Certes cette femme pourrait de manière héroïque garder l'enfant et vivre en plus du poids de l'agression:

voir et de vivre avec un enfant portant la trace de son agresseur, même si cet enfant n'y peut rien ça demanderait bien du courage et j'admire la ou les femmes qui peuvent le faire.
Mais je ne condamnerai pas celle pour qui ça serait au dessus de leurs forces.

Voire plus je suis prêt à intervenir en leur faveur même en étant contre l'avortement.

 

L'Église ne se trompe t-elle pas de combat ?
N'a t'elle pas un combat plus incisif à mener sur toutes ces violences qui sont commises ?

N'a-t-elle pas un combat à mener envers les agresseurs plutôt que de condamner une ONG qui certes peut avoir des positions différentes, mais qui reste une ONG en faveur des Droits Humains.


Ce jour à l'homélie il était question du pharisien...
l'Église par cette position n'est-elle pas comme ce pharisien sûr de "la bonne parole" et prêt à condamner sans pardonner ...


Dieu, lui est dans le pardon et dans humanité.

Une Église morale et détachée de la réalité humaine me pose beaucoup de questionnements

 

Merci d'avoir lu ma réaction...
Je souhaiterais vraiment que les Evêques de France puissent moduler cette décision
et plutôt proposer d'apporter un éclairage que de condamner de manière aussi absolue et dans son ensemble les actions
d'une ONG comme Amnesty International.

 

Veuillez croire en l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Réponse:
Mr Defois m'a répondu dans le sens que Amnesty International ne se résumait pas à la question de l'avortement et qu'il nous encourageait à continuer nos actions en faveur des droits humains...



 

Point de vue
Croisade contre Amnesty International, par Guy Aurenche

                  

LE MONDE | 21.06.07 | 14h17         

         

Guy Aurenche, avocat, est président d'honneur de la Fédération internationale de l'action des chrétiens pour l'abolition de la torture.


Quelle mouche a piqué le conseil pontifical Justice et Paix, qui invitait récemment les catholiques du monde entier à ne plus financer Amnesty International ?

Avant de répondre à cette question, c'est aux victimes que je pense. Les voici doublement atteintes. D'abord par la répression, la torture, ou les injustices qu'elles subissent. Ensuite par l'absence de soutien financier à une organisation non gouvernementale dont le mérite est par ailleurs reconnu par la Commission romaine.

Le motif avancé pour justifier une telle croisade, aux conséquences dramatiques, est celui du soutien qu'Amnesty International apporterait à l'avortement. Une telle position ne facilite pas la réflexion sur la difficile question de l'interruption volontaire de grossesse.

Chacun a le droit, Rome en premier, d'être contre l'avortement. Mais il est pernicieux de ne pas faire la distinction entre le souhait de voir l'avortement ne plus être pénalisé, et la promotion active de l'avortement. Amnesty International n'a jamais adopté une telle démarche. Placée au coeur des violences extrêmes, y compris des agressions sexuelles, l'organisation se doit de réfléchir à l'hypothèse d'une intervention pour interrompre une grossesse née dans une situation de totale violence et d'absence de liberté. Faut-il pénaliser la victime des conséquences d'une agression subie et d'une humiliation définitive ?

ATTITUDE RIGIDE

Justice et Paix, par cette position inacceptable, empêche de mettre l'accent sur une dérive (en tout cas à mes yeux) qui consiste à transformer une législation initiale d'aide aux femmes jetées dans la détresse en un droit impératif à l'avortement pour pallier les désordres sexuels ! Justice et Paix, qui a pour mission d'inviter les catholiques à réfléchir sainement, eût été mieux avisée de poser le problème sans condamner.

Hélas, il est impossible de ne pas voir dans cette attitude rigide au regard de l'annonce d'un Evangile d'amour le sectarisme de certains mouvements "pro-life" (anti-avortement) qui ne reculent devant aucun moyen pour imposer leur vérité dogmatique. Il est regrettable que l'organe romain chargé de la défense de la justice, de la paix et des droits humains n'ait pas su résister à un tel esprit de croisade !

Enfin, et comme catholique engagé, avec des millions d'autres, dans la promotion de la dignité humaine, je suis scandalisé de voir l'annonce de la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu être défigurée et devenir inaudible pour nos sociétés. Au coeur des débats bioéthiques, notre monde a besoin de l'éclairage évangélique. Celui-ci est invitation à protéger la vie donnée et reçue, au coeur des difficultés de l'aventure humaine.

L'Evangile suppose une démarche attentive et amoureuse d'accompagnement au coeur des drames humains. Une Bonne Nouvelle ne peut pas être exprimée en termes de condamnation, ni boycott. La croisade serait-elle de retour ?


Reponse des Evêques de france

Voici le texte :

 

EDITORIAL DE LA LETTRE DE JUSTICE ET PAIX-FRANCE
N° 137 – Juin 2007
A propos du communiqué du Conseil pontifical Justice et Paix
Il y a quelques jours, le Président du Conseil Pontifical "Justice et Paix", le Cardinal Martino, demandait aux catholiques d’interrompre tout soutien financier à Amnesty International "après la volte-face pro-avortement de l’organisation de promotion et de défense des droits de l’homme", selon les termes du communiqué1.
Que voulait dire le Cardinal ? Certainement rappeler la position de l’Église qui veille à défendre la vie à tout prix et refuse l’avortement. Or, que préconise, depuis toujours, Amnesty International ? La défense du faible et de celui qui est menacé dans sa propre vie. L’organisation lutte pour l’abolition de la torture et de la peine de mort. Récemment, elle a dû faire face à un phénomène nouveau et dramatique apparu dans les derniers conflits : le viol organisé des femmes, dans le but de les asservir, de les humilier, de briser leur dignité morale et ainsi, de détruire les liens familiaux et sociaux des victimes.
Amnesty International ne mène pas campagne pour l’interruption volontaire de grossesse en général, mais a pris position en faveur de sa dépénalisation (et non de sa légalisation) dans des cas extrêmement précis : viol programmé, inceste, ou risque pour la vie et la santé des femmes.
Même ainsi circonscrit, ce positionnement d’Amnesty International peut certes être légitimement questionné. Mais cet enjeu aussi important que difficile, en raison même de sa complexité et des situations dramatiques auxquelles il renvoie, mérite que chacun puisse exprimer son point de vue dans une attitude de dialogue constructif et respectueux.
En exprimant sa position, le Cardinal Martino a-t-il mesuré qu’il disqualifiait de façon abrupte Amnesty International et qu’il mettait en péril son engagement humanitaire difficile, en appelant les catholiques au boycott financier ? Le légitime rappel de la position de l’Église catholique peut-il en appeler à la conscience et au débat éthique, sans pour autant jeter l’opprobre sur une organisation qui a témoigné sans relâche de son souci de la dignité et de l’intégrité de la personne humaine ? Cet engagement est le sien depuis plus de 40 ans. Son action a été pionnière et prophétique dans bien des domaines. Peter Benenson et Sean Mac-Bride, les deux fondateurs d’Amnesty, étaient catholiques, et de nombreux chrétiens, protestants et orthodoxes, ont trouvé dans cette ONG un engagement fort, se reconnaissant naturellement en elle. De même que tous ceux qui la financent (à titre individuel car Amnesty ne recueille que des dons individuels), les catholiques militants de l’organisation sont profondément meurtris par cette prise de position.
________________
1 Disponible sur www.la-croix.com – rubrique « Documents essentiels »
1
Nous ne pouvons que déplorer la fragilisation d’Amnesty International qui pourrait résulter de cette déclaration. Les premières à en subir directement les conséquences désastreuses seraient les victimes des violations de droits de l’homme. En privant l’association de moyens financiers et de militants, ce sont en outre toutes les actions visant à prévenir ces situations extrêmes qui, paradoxalement, seraient affaiblies : la lutte pour l’abolition de la torture et de la peine de mort, le travail pour libérer les prisonniers d’opinion, les recherches menées au sein de l’Observatoire de l’usage du viol comme tactique de guerre1, le combat en faveur du contrôle du commerce des armes…
Par tous ces engagements, les chrétiens se sont sentis concernés et ils sont nombreux à avoir rejoint Amnesty International. Ces mêmes engagements, à "Justice et Paix-France", nous les avons toujours compris et soutenus, avec la tacite compréhension du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix.
S’il y a eu divergence de point de vue sur le soutien à apporter aux femmes systématiquement violées dans les conflits, il ne saurait pour autant y avoir cessation de collaboration avec Amnesty International. Débattons certes, mais ne cessons pas d’agir ensemble !
Justice et Paix - France
1 Voir lettre de Justice et Paix – Octobre 2005 2

 

Cordialement

Service Information-Communication
Conférence des évêques de France
http://www.cef.fr
Pointcefpointfr, les signatures de l'Eglise catholique en France



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