Avortement
Le Vatican apelle à ne plus financer Amnesty International accusée de promouvoir l'avortement
Suite aux propos du cardinal Renato Martino
Voici le courrier que j'ai adressé à Mr Defois évèque de Lille:
Mgr Defois, j'ai lu plusieurs articles dont celui de
La-Croix.com sur la position su Vatican. http://www.la- Je ne comprends pas cette réaction. Je comprends tout à fait une position qui défende
le droit à la vie et soit contre l'avortement et l'Église a à tenir cette
position dans une Éthique de vie. Par contre je ne peux pas admettre que le Vatican
et Mr Renato Martino en appelle à ne plus soutenir Amnesty
International. Je suis membre d'un groupe Amnesty International
d'Armentières, pour défendre des prisonniers d'opinion, Le mandat d'Amnesty au grand dam de ses membres
s'élargit de plus en plus, tant il y a tant de choses à faire... Mettre tout cela à l'index sur le seul thème de
l'avortement c'est priver toutes les personnes pour qui je me bats du soutien
qui leur est nécessaire. Amnesty n'est pas Pro-Avortement, Amnesty souhaite
pourvoir agir sur des situations telles que: Une femme violée délibérément par un personnage qui
souhaite par son acte atteindre directement son identité et détruire cette
identité. voir et de vivre avec un enfant portant la trace de
son agresseur, même si cet enfant n'y peut rien ça demanderait
bien du courage et j'admire la ou les femmes qui peuvent le faire. Voire plus je suis prêt à intervenir en leur faveur
même en étant contre l'avortement. L'Église ne se trompe t-elle pas de combat
? N'a-t-elle pas un combat à mener envers les
agresseurs plutôt que de condamner une ONG qui certes peut avoir des positions
différentes, mais qui reste une ONG en faveur des
Droits Humains. Une Église morale et détachée de la réalité humaine
me pose beaucoup de questionnements Merci d'avoir lu ma réaction... Veuillez croire en l'expression de mes sentiments
les meilleurs.
Cette attitude est inadmissible de la part de
l'Église.
j'écris ce jour en mon nom propre,
tous les jours je passe du temps:
pour un meilleur contrôle des Armes,
contre la violence
faites aux femmes,
pour un droit à la santé,
contre la
peine de mort,
...
Et c'est à mon sens, non réfléchi de la
part de ceux qui ont décidé de dire aux personnes pratiquantes et catholiques de
ne plus soutenir Amnesty International.
Peut être depuis des
personnes n'auront plus les soutiens nécessaires à leurs engagements et
souffrances suite à cette postion du vatican.
L'Eglise prends une
grande responsabilité et elle s'éloigne à mon sens de la souffrance humaine et
du quotidien de personnes qui n'ont pas droits à la parole etc.
Une femme qui risque dans son propre pays de se faire
rejeter par les siens et proches, et en plus d'être condamné au niveau de la
Loi.
L'indécence serait alors de ne pas pouvoir agir.
Certes cette femme pourrait de manière héroïque garder l'enfant et vivre en plus
du poids de l'agression:
Mais je ne condamnerai pas celle pour qui ça serait au dessus de leurs
forces.
N'a t'elle pas un combat plus incisif à mener sur toutes ces
violences qui sont commises ?
Ce jour à l'homélie il était question du
pharisien...
l'Église par cette position n'est-elle pas comme ce
pharisien sûr de "la bonne parole" et prêt à condamner sans pardonner
...
Dieu, lui est dans le pardon et dans
humanité.
Je
souhaiterais vraiment que les Evêques de France puissent moduler cette décision
et plutôt proposer d'apporter un éclairage que de condamner de
manière aussi absolue et dans son ensemble les actions
d'une ONG
comme Amnesty International.
Réponse:
Mr Defois m'a répondu dans le sens que Amnesty International ne se résumait pas à la question de l'avortement et qu'il nous encourageait à continuer nos actions en faveur des droits humains...
Point de vue
Croisade contre Amnesty International, par Guy Aurenche
LE MONDE | 21.06.07 | 14h17
Guy Aurenche, avocat, est président d'honneur de la Fédération internationale de l'action des chrétiens pour l'abolition de la torture.
uelle mouche a piqué le conseil pontifical Justice et Paix, qui invitait récemment les catholiques du monde entier à ne plus financer Amnesty International ?
Avant de répondre à cette question, c'est aux
victimes que je pense. Les voici doublement atteintes. D'abord par la
répression, la torture, ou les injustices qu'elles subissent. Ensuite
par l'absence de soutien financier à une organisation non
gouvernementale dont le mérite est par ailleurs reconnu par la
Commission romaine.
Le motif
avancé pour justifier une telle croisade, aux conséquences dramatiques,
est celui du soutien qu'Amnesty International apporterait à
l'avortement. Une telle position ne facilite pas la réflexion sur la
difficile question de l'interruption volontaire de grossesse.
Chacun a le droit, Rome en premier, d'être contre l'avortement. Mais il est pernicieux de ne pas faire la distinction entre le souhait de voir l'avortement ne plus être pénalisé, et la promotion active de l'avortement. Amnesty International n'a jamais adopté une telle démarche. Placée au coeur des violences extrêmes, y compris des agressions sexuelles, l'organisation se doit de réfléchir à l'hypothèse d'une intervention pour interrompre une grossesse née dans une situation de totale violence et d'absence de liberté. Faut-il pénaliser la victime des conséquences d'une agression subie et d'une humiliation définitive ?
ATTITUDE RIGIDE
Justice et Paix, par cette position inacceptable, empêche de mettre l'accent sur une dérive (en tout cas à mes yeux) qui consiste à transformer une législation initiale d'aide aux femmes jetées dans la détresse en un droit impératif à l'avortement pour pallier les désordres sexuels ! Justice et Paix, qui a pour mission d'inviter les catholiques à réfléchir sainement, eût été mieux avisée de poser le problème sans condamner.
Hélas, il est impossible de ne pas voir dans cette attitude rigide au regard de l'annonce d'un Evangile d'amour le sectarisme de certains mouvements "pro-life" (anti-avortement) qui ne reculent devant aucun moyen pour imposer leur vérité dogmatique. Il est regrettable que l'organe romain chargé de la défense de la justice, de la paix et des droits humains n'ait pas su résister à un tel esprit de croisade !
Enfin, et comme catholique engagé, avec des millions d'autres, dans la promotion de la dignité humaine, je suis scandalisé de voir l'annonce de la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu être défigurée et devenir inaudible pour nos sociétés. Au coeur des débats bioéthiques, notre monde a besoin de l'éclairage évangélique. Celui-ci est invitation à protéger la vie donnée et reçue, au coeur des difficultés de l'aventure humaine.
L'Evangile suppose une démarche attentive et amoureuse d'accompagnement au coeur des drames humains. Une Bonne Nouvelle ne peut pas être exprimée en termes de condamnation, ni boycott. La croisade serait-elle de retour ?
Reponse des Evêques de france
Voici le texte :
EDITORIAL DE LA LETTRE
DE JUSTICE ET PAIX-FRANCE
N° 137 – Juin 2007
A propos du communiqué du
Conseil pontifical Justice et Paix
Il y a quelques jours, le Président du
Conseil Pontifical "Justice et Paix", le Cardinal Martino, demandait aux
catholiques d’interrompre tout soutien financier à Amnesty International "après
la volte-face pro-avortement de l’organisation de promotion et de défense des
droits de l’homme", selon les termes du communiqué1.
Que voulait dire le
Cardinal ? Certainement rappeler la position de l’Église qui veille à défendre
la vie à tout prix et refuse l’avortement. Or, que préconise, depuis toujours,
Amnesty International ? La défense du faible et de celui qui est menacé dans sa
propre vie. L’organisation lutte pour l’abolition de la torture et de la peine
de mort. Récemment, elle a dû faire face à un phénomène nouveau et dramatique
apparu dans les derniers conflits : le viol organisé des femmes, dans le but de
les asservir, de les humilier, de briser leur dignité morale et ainsi, de
détruire les liens familiaux et sociaux des victimes.
Amnesty International
ne mène pas campagne pour l’interruption volontaire de grossesse en général,
mais a pris position en faveur de sa dépénalisation (et non de sa légalisation)
dans des cas extrêmement précis : viol programmé, inceste, ou risque pour la vie
et la santé des femmes.
Même ainsi circonscrit, ce positionnement d’Amnesty
International peut certes être légitimement questionné. Mais cet enjeu aussi
important que difficile, en raison même de sa complexité et des situations
dramatiques auxquelles il renvoie, mérite que chacun puisse exprimer son point
de vue dans une attitude de dialogue constructif et respectueux.
En exprimant
sa position, le Cardinal Martino a-t-il mesuré qu’il disqualifiait de façon
abrupte Amnesty International et qu’il mettait en péril son engagement
humanitaire difficile, en appelant les catholiques au boycott financier ? Le
légitime rappel de la position de l’Église catholique peut-il en appeler à la
conscience et au débat éthique, sans pour autant jeter l’opprobre sur une
organisation qui a témoigné sans relâche de son souci de la dignité et de
l’intégrité de la personne humaine ? Cet engagement est le sien depuis plus de
40 ans. Son action a été pionnière et prophétique dans bien des domaines. Peter
Benenson et Sean Mac-Bride, les deux fondateurs d’Amnesty, étaient catholiques,
et de nombreux chrétiens, protestants et orthodoxes, ont trouvé dans cette ONG
un engagement fort, se reconnaissant naturellement en elle. De même que tous
ceux qui la financent (à titre individuel car Amnesty ne recueille que des dons
individuels), les catholiques militants de l’organisation sont profondément
meurtris par cette prise de position.
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1 Disponible sur www.la-croix.com – rubrique « Documents
essentiels »
1
Nous ne pouvons que déplorer la fragilisation d’Amnesty
International qui pourrait résulter de cette déclaration. Les premières à en
subir directement les conséquences désastreuses seraient les victimes des
violations de droits de l’homme. En privant l’association de moyens financiers
et de militants, ce sont en outre toutes les actions visant à prévenir ces
situations extrêmes qui, paradoxalement, seraient affaiblies : la lutte pour
l’abolition de la torture et de la peine de mort, le travail pour libérer les
prisonniers d’opinion, les recherches menées au sein de l’Observatoire de
l’usage du viol comme tactique de guerre1, le combat en faveur du contrôle du
commerce des armes…
Par tous ces engagements, les chrétiens se sont sentis
concernés et ils sont nombreux à avoir rejoint Amnesty International. Ces mêmes
engagements, à "Justice et Paix-France", nous les avons toujours compris et
soutenus, avec la tacite compréhension du Conseil Pontifical pour la Justice et
la Paix.
S’il y a eu divergence de point de vue sur le soutien à apporter aux
femmes systématiquement violées dans les conflits, il ne saurait pour autant y
avoir cessation de collaboration avec Amnesty International. Débattons certes,
mais ne cessons pas d’agir ensemble !
Justice et Paix - France
1 Voir
lettre de Justice et Paix – Octobre 2005 2
Cordialement
Service
Information-Communication
Conférence des évêques de France
http://www.cef.fr
Pointcefpointfr, les signatures de l'Eglise catholique en
France